Le 1er octobre nous voterons pour désigner le « premier des Socialistes » pour les élections Régionales de 2010. Je ne vous cache pas que c’est une immense déception pour un militant comme moi qui espérait pouvoir, au minimum, désigner le candidat qui me représenterait à la tête de la liste du Parti Socialiste pour cette échéance capitale.
Le « premier des Socialistes »… Il faut vraiment avoir un culot extraordinaire, couplé à un évident mépris, pour oser demander à des militants de venir voter pour désigner le « premier des Socialistes ». Comment peut-on, sans même rougir, proposer cette mascarade de démocratie interne à des gens qui consacrent tant de leur temps et de leur énergie à la promotion du Parti Socialiste et de ses idées ? Pour ceux qui comme moi n’y comprennent plus rien, cela mérite quelques explications.
Une poignée de cadres départementaux, régionaux et nationaux se sont réunis en comité restreint pour réfléchir à la désignation du candidat pour le Parti Socialiste aux élections Régionales de 2010. Après des débats j’imagine d’une sérénité et d’une richesse époustouflantes, les premières constatations sont rapidement survenues. Premièrement, Jean-Paul BACHY est le candidat idéal. Deuxièmement, il n’est plus officiellement Socialiste. Troisièmement, on est obligé d’organiser un vote des militants pour désigner le candidat. J’avais oublié de préciser aux âmes sensibles que dans ces moments là on ne parle évidemment pas des idées, de la démocratie interne du Parti, des orientations, des thèmes de campagne, des valeurs que l’on défend ou de toute autre de ces petites niaiseries de militants ! Non, on aborde uniquement les problèmes de places à prendre, de stratégie et d’alliances.
A ce moment là, tout paraît assez simple. Il n’y a qu’à réintégrer Jean-Paul BACHY et à soumettre sa candidature au vote des militants de Champagne-Ardenne. De plus, le plébiscite est garanti de par les qualités indéniables et reconnues par tous de l’intéressé, ainsi que par le vide sidéral qui le sépare de la concurrence. Seulement voila, les évènements, les imbroglios et les grandes qualités de discernement du Bureau national du Parti Socialiste, font que Jean-Paul BACHY ne peut pas être le candidat Socialiste pour la Région Champagne-Ardennes, puisqu’il ne l’est pas lui même, en tout cas officiellement. Il a alors fallu trouver une solution pour résoudre cette inextricable équation. Voici donc comment est né la fameuse idée du « premier des Socialistes » ! stupéfiant !
Pour en finir avec ces petits tracas de vie démocratique et de consultation militante, il restait à désigner le désormais avalisé « premier des Socialistes », parmi les fidèles présents. Jacques MEYER, actuel Vice-Président de la Région, acceptait bien gentiment la mission. La réunion était terminée, il n’y avait plus qu’à faire valider ce magnifique scénario par les militants de la région. Bref, une formalité !
Et bien non ! Même si Jean-Paul BACHY est évidemment le candidat dont nous avons besoin pour les Régionales et que nous devrons le soutenir de toute notre énergie durant cette importante campagne qui arrive, je dis que ce n’est pas à ce petit groupe d’individus d’en décider à la place des militants de Champagne-Ardennes. L’inutile et insultant vote du « premier des Socialistes » doit être tout simplement annulé. Nous devons assumer cette situation et être capable d’aller au-delà du Parti Socialiste en osant poser de vraies questions aux militants. Les meilleures seraient selon moi :
1 – Etes-vous d’accord, oui ou non, pour désigner Jean-Paul BACHY tête de liste pour les militants Socialistes durant la prochaine campagne des élections Régionales de 2010, avec ou sans l’étiquette du Parti Socialiste ?
2 – Qui souhaitez-vous désigner comme candidat Socialiste pour soutenir Jean-Paul BACHY et porter les valeurs de notre Parti, en participant à la constitution de la liste des candidats Socialistes aux Régionales de 2010 : Romain NOUAR ou Jacques MEYER ?
Pour ce deuxième point, je ferai personnellement le choix de Romain NOUAR. Ce n’est évidemment pas, comme beaucoup pourraient le penser ou le laisser penser, pour son implantation Ardennaise, mais avant tout pour le courage de sa candidature et la clarté de ses engagements.
A la lecture des premières lignes de la candidature de Romain NOUAR, il est aisé de constater qu’il ressent ce qu’un grand nombre de militants n’arrive plus à supporter. Soit leurs choix ne sont pas respectés et l’on ne tient pas compte de leurs opinions, soit on ne les consulte même pas pour prendre des décisions pourtant importantes pour le Parti Socialiste. Les règles fondamentales de fonctionnement interne sont bafouées et les militants instrumentalisés.
Plutôt que de les laisser en parler devant les médias tout en faisant exactement le contraire dans leurs agissements, Romain NOUAR nous propose tout simplement d’exiger de nos instances et de nos élus, localement et nationalement, qu’ils mettent en oeuvre toutes les belles idées que notre Parti défend. Nous devons supprimer le cumul des mandats, développer et faire respecter la démocratie interne et évidemment proposer un « projet de société crédible » aux Français en 2012.
Le candidat « officiel », Jacques MEYER, démarre quant à lui, assez étonnement sa déclaration de candidature, en nous annonçant « qu’il s’engage à soutenir le candidat Jean-Paul BACHY comme tête de liste régionale d’un large rassemblement des forces de gauche », bien qu’aucun militant n’ait été consulté à ce sujet, puis en enchaînant par l’annonce tonitruante de son premier engagement qui sera de « respecter et faire respecter la procédure de désignation des candidats socialistes, car c’est aux socialistes, et à eux seuls, de désigner ceux d’entre eux qui auront l’honneur de porter notre projet et de mener le combat ». Sans commentaire !
Il nous annonce ensuite clairement la couleur : « il faut une liste de rassemblement de la Gauche, avec nos partenaires habituels : PRG, Communistes et, si possible, les Verts. Mais pas d’alliance avec le Modem. En politique, il faut de la clarté, se battre pour ses idées et ses valeurs, pas celles des autres ! ». Je suis assez d’accord pour dire qu’il faut se battre pour ses idées et ses valeurs. Mais alors, au nom de qui et sur quels critères, peut-il décréter ainsi que les idées du Modem sont plus repoussantes que celles des Communistes ? Cette position n’est-elle pas prématurée et, une fois de plus, n’aurait-il pas été préférable de consulter les militants avant d’accepter prétentieusement les Verts du bout des lèvres et d’exclure d’emblée et publiquement le Modem. Les voix cumulées de l’ensemble de la gauche, du NPA qui souvenons-nous n’a jamais soutenu clairement nos candidats, jusqu’au PS, en passant par le PC et le PRG, représentent pour la Présidentielle de 2007 et les Européennes de 2009, des scores de respectivement 29,46% et 27,66% des suffrages exprimés. Rejeter de cette façon, sans concertation ni débat, le Modem et les Verts est un mauvais choix et une grave erreur politique. Cela donne l’image d’un Parti d’opposition hégémonique et fermé aux idées.
Si le passage sur l’excellent et incontestable bilan de l’équipe en place est plus consensuel, le reste de sa déclaration de candidature est une longue énumération des mandats et des postes qu’il a occupés ou qu’il occupe et qui lui ont certainement permis, un beau jour, d’être désigné « premier des Socialistes » par ses pairs. Je ne critique ni l’homme, ni l’excellent travail qu’il a certainement brillamment fourni et qu’il fournira encore pour servir la cause Socialiste. Je ne vois cependant que le représentant d’une élite qui au sein du Parti Socialiste a choisi d’ignorer ses militants.
Romain NOUAR est candidat tout simplement pour que cette élection ressemble à un véritable scrutin et pas au simulacre de démocratie que l’on nous avait préparé. Il se présente devant nous pour que nous puissions faire réellement un choix. Sa victoire serait celle des militants qui pensent qu’il est temps qu’on leur redonne la parole. Elle serait la nôtre !
Frédéric Courvoisier-Clément-Conseiller municipal (Ville de Vouziers)